Le premier long-métrage de fiction de Sarah Bouyain a le ton grave des douleurs, et l’éclat des sentiments enfouis. Il entrouvre pudiquement les portes sur les fractures qui marquent les femmes. Les destins de trois d’entre-elles se cognent sans qu’elles en aient toujours conscience. Mariam, une Africaine solitaire, se replie sur son travail de nettoyage pour une société de banlieue parisienne. Amy, une jeune métisse de Paris, est tendue dans la quête de sa mère africaine disparue. Acita, la tante burkinabé d’Amy, connaît le passé qu’on cherche à oublier. Mais Amy, partie au Burkina, ne parle pas le dioula et ne peut communiquer avec Acita qu’avec l’aide sélective de Kadiatou, sa petite bonne.
Pendant que Mariam s’use dans sa vie de banlieue, juste éclairée par les cours de dioula qu’elle donne à Esther, une Française de l’entreprise où elle est employée, Amy se heurte à l’oubli, à la nuit, à la langue qu’elle ne parle pas. Acita cherche à la récupérer comme la fille qu’elle n’a pas eue. Amy s’obstine dans la recherche d’une mère évaporée. Les espaces séparent, les continents sont des frontières, le temps creuse les douleurs. Amy tente de concilier les images de son père, un Blanc ancré en France, décédé l’année d’avant, et les contours sombres de cette mère africaine qu’elle a côtoyée dans les premiers moments d’enfance. Peu à peu les rapports se précisent, entre les raccords parfois abrupts et les ellipses où l’imaginaire peut s’activer.